Introduction

« Les 5 éléments, l’âme, l’esprit, le temps et l’espace constituent la matière. La matière pourvue d’organes sensoriels est sensible, celle qui en est dépourvue est insensible »
Charaka Samhita, sutrasthana, sloka 48

Selon l’Ayurveda, le monde manifesté ou matériel est formé à partir de cinq états de matière (ou cinq éléments). Tout est constitué des cinq états de matière : notre corps, ce qui nous entourent, ce que nous mangeons, nos pensées, nos émotions, nos douleurs…

Ces cinq éléments sont partout, toujours associés et se manifestent dans une infinie variété de proportions, ce qui permet l’incroyable diversité dans l’expression de la vie.

Ils sous-tendent l’existence et le fonctionnement de toute chose et de tout être existant dans les différents règnes de la Nature : humain, animal, végétal et minéral.

Ces cinq états de matière sont les suivants :

🌀 L’éther / l’espace

🌬 Le vent / l’air / le gazeux

🔥 Le feu

💦 L’eau / la liquidité

🌳 La terre / le solide

The Five Elements, 2007, Sayed Haider Raza

Apprendre à se connaître selon l’Ayurveda, c’est commencer par prendre conscience que nous sommes faits des mêmes éléments que la Nature. Si nous souhaitons vivre en harmonie avec elle et donc en cohérence avec la synergie des éléments qui nous composent, il est important de comprendre et de soutenir leur dynamique, leurs interactions au sein de notre organisme afin de maintenir notre état en équilibre. Cette vision « élémentale » que l’on pourrait qualifer d’alchimiste est une approche métaphorique, sympbolique mais finalement très pragmatique du fonctionnement du Vivant et qui peut être transposée aux différentes échelles de notre organisme, de celle de la cellule jusqu’à à celle d’un organe ou du corps dans sa globalité.

Cet article tente d’illustrer ce propos et d’apporter quelques bases de compréhension, quelques repères et quelques pistes d’exploration sur cette façon d’observer et de lire le Vivant à travers les 5 états de matière.

En pré-requis, il parait important de rappeler que l’Ayurveda base également sa compréhension de la Nature / du Vivant à partir de dix principales paires de qualités ou d’attributs qui permettent de caractériser les propriétés de toutes choses et de tous phénomènes. Ces 10 paires de qualités (gunas) sont les suivantes :

froid / chaud,

onctueux / sec,

lourd / léger,

stable / agité,

grossier / subtil,

dense / fluide,

lent / vif,

mou / dur,

lisse / rugueux,

gélatineux / limpide

L’état de matière primordial : éther / espace

« La substance éthérée possède les qualités de subtilité, de clarté, de légèreté et éveille l’ouïe, elle produit les cavités, les espaces » Ashtanga Hridayam, sutrasthana 9-9

Akasha (éther / espace) est le premier et le plus subtil des états de matières, il contient les autres états de matière. Il est souvent dit qu’Akasha est l’état de matière précurseur. Il contient « tout » de la manifestation à l’état grossier, Akasha est la substance sous-jacente à toute chose incarnée.

De manière imagée, on peut décrire Akasha comme un champ des possible, comme la feuille blanche avant le « brainstorming » et l’expression de la Création.

Cet état de matière d’espace implique également une notion d’ouverture, d’expansion dans toutes les directions. Au niveau sensoriel, il est rattaché à l’ouïe. Plus globlament l’espace est le support à la propagation du son et des vibrations mais également est associé à l’état de silence.

Il s’exprime dans le corps à travers tous les espaces « creux » et cavités : porosités des os, espace creux de l’estomac et des intestins, conduits auditifs…

En termes de gunas, Akasha se caractérise par les attributs suivants : froid, sec, léger, stable, subtil, lisse, limpide

Akasha

« La porte vers la Conscience pure »

Notre perception en tant qu’être humain d’Akasha peut donc se faire via le son et/ou l’état de silence. Akasha établit un lien subtil entre tous les êtres vivants (vibrations sonores, expression vocale, communication…) et constitue l’état de matière qui nous approche, qui nous mène vers notre essence profonde immuable, vers la Conscience.

Nos idées, nos désirs, nos besoins, notre corps changent alors que notre substrat, notre noyau primordial (la Conscience) ne change pas, est invariant et observateur attentif et curieux du jeu de la vie.

L’impermanence du vent : second état de matière

« La substance aérienne qui possède les qualités de sécheresse, clarté / de purification / de transparence, de légèreté et qui éveille la tactilité, se traduit par le mouvement (et l’épuisement) »
Ashtanga Hridayam, sutrasthana 9-8

Vayu (air / vent) est l’état de matière suivant après la manifestation de l’espace (Akasha). Vayu induit la pulsion de vie, la force de vie qui vient « perturber » le calme latent. Vayu correspond à cet élan qui crée un changement, une distorsion, une irrégularité, un déviation du continuum d’Akasha, à l’image du germe initial qui émerge de la graine. C’est l’amorce de la manifestation de la Vie.

« La vie est le mouvement… sans Vayu rien ne se produit. Si rien ne bouge, c’est la mort »

Dans l’expérience de la Création, Vayu se traduit par tous les mouvements, du plus grossiers aux plus subtils. On peut tout à fait rapprocher le concept de Vayu avec la notion de vitesse ou encore d’énergie cinétique.

Pour qualifier et décrire sa nature, les caractéristiques suivantes lui sont attribuées : changeant, instable, mobile, aléatoire ou encore irrégulier. En termes de gunas, Vayu se caractérise par les attributs : froid, sec, léger, stable, subtil, instable, rugueux, clair.

Il se manifeste dans le corps à travers toutes les mises en mouvement de substances dans le corps (mouvements des membres, clignement des paupières, mouvements respiratoires, battements cardiaques, circulation sanguine et lymphatique, déplacement du bol alimentaire dans le tractus digestif, influx nerveux…) ainsi que les activités du mental (agitation des pensées, le va et vient des émotions…).

Vayu est relier au toucher, au ressenti par la peau. Les récepteurs sensoriels qui envoient les messages au cerveau sont en lien avec les mains, ce sont elles qui activent cet échange dynamique entre soi et le monde ( entre autre au travers de « l’action » du donner et du recevoir).

Notre corps est physiologiquement conçu pour bouger, pour le mouvement de par son architecture ostéo-articulaire et tissulaire mais également au niveau nerveux. Notre système nerveux autonome est « cablé » pour mettre le corps en mouvement ou le repos à travers les branches du système nerveux sympathique (« fuite ou combat ») et du système nerveux parasympathique (digestion, régénération, réparation, restauration).

On comprend aisément que notre mode de vie actuel, très sédentaire et très soumis au stress psychologique, social et sociétal nous conduit dans un mode de fonctionnement complètement en décalage avec notre « programmation » biologique originelle. A la fois nous manquons d’activité physique et nous accumulons une charge d’énergie nerveuse (en partie causée par le stress chronique) qui n’est pas convertie, transformée et extériorisée sous forme de mise en mouvement. La plupart d’entre nous sommes sujet au déséquilibre de « gestion » de Vayu, c’est à dire la gestion du mouvement, dans le corps et dans le mental.

Au niveau psychologique, Vayu apporte la créativité, l’innovation, l’enthousiasme, la spontanéité, l’originalité mais qui peut également se traduire par de l’indécision, de l’hyperactivité, de la superficialité et de la volatilité. Les personnes dont l’esprit est un peu trop soumis au tempêtueux Vayu peuvent en outre être sujette aux sautes d’humeur et apparaitre parfois comme évaporé ou encore quelque peu lunatique.

Vayu

Pour terminer ce paragraphe, voici, un petit extrait de la Bhagavad Gita (VI-34) où Arjuna compare la nature du mental aux qualités de mouvements incessants et agités du vent :

« L’esprit est inconstant, rebelle,

Turbulent, sauvage et borné ;

Il me semble aussi difficile

A maitriser que l’est le vent. »

Agni : notre feu intérieur

« La substance qui possède les qualités de sécheresse, de pénétrant / tranchant, de chaleur, de clarté, de subtilité et qui éveille la vision relève de l’élément feu et se manifeste par des sensations de chaleur, de brûlures, produit le teint, la couleur, la lumière et la digestion« 
Ashtanga Hridayam, sutrasthana 9-7

Agni (feu) est l’état de matière qui manifeste à la suite de l’espace (Akasha) et du vent (Vayu). Selon les textes ayurvédiques, il apparait à la suite de l’échauffement et des frictions induites par les mouvements de Vayu dans Akasha.

Agni peut se traduire comme la « force transformatrice », il s’exprime par une production / un dégagement de chaleur, de lumière et par une intensité vive. Agni induit une transformation catabolique, qui tend à réduire et digérer la matière. Le concept d’Agni est à rapprocher des notions d’énergie thermique et de thermogenèse.

Dans le corps, Agni est relatif au feu digestif, notre capacité à digérer les aliments, les émotions ou encore les impressions sensorielles. Il intervient également dans la gestion de la température corporelle et est très important au niveau de l’immunité.

Selon l’Ayurveda, la force, la santé, la longévité et la vitalité d’un individu sont dépendants de la puissance et de la capacité digestive (Agni) :

« L’homme qui a un Agni puissant est heureux, vit longtemps et est capable de supporter toutes les vicissitudes de la vie. Les maladies ne peuvent pas l’atteindre » Charaka Samhita

Les attributs pour identifier et décrire la manifestation d’Agni sont les suivants : chaud, sec, léger, subtil, pénétrant, clair. En raison du mouvement ascendant du feu, le concept d’Agni inclut également la notion de direction (mouvement directionnel) et la notion de but à atteindre.

Au niveau sensoriel, les yeux / la vision, c’est-à-dire la digestion de la lumière à travers le yeux, est relié au concept d’Agni. Nous utilisons nos yeux pour nous orienter dans la direction vers laquelle nous nous déplaçons physiquement. On comprend alors que l’organe d’action associé sera les pieds, qui assurent la locomotion du corps. Se déplacer physiquement engendre également une activation de la chaleur interne. Par ailleurs les pieds sont également une partie du corps particulièrement sensible à la régulation de la chaleur… les personnes habituées à dormir les pieds à l’extérieur de la couette en savent quelque chose !

Agni

Sur le plan psychologique, les qualités du feu s’expriment par la détermination, la passion, le dynamisme, l’organisation, l’ingéniosité, le pragmatisme, le courage mais peut dériver vers la colère, la frustration, la prétention, le sur-contrôle, la domination ou encore le besoin d’être vue et d’attirer l’attention.

Les personnes présentant un terrain psychique avec une dominante des caractéristiques feu font rarement les choses pour « rien », elles abordent la vie comme un champ d’expérience rempli de défis à relever, d’objectifs à réussir et de buts à atteindre. Leurs différentes activités (loisirs, travail…) sont souvent motivées par les challenges qui vont les amener à repousser leur(s) limite(s) (à sortir de leur zone de confort pour se surpasser et progresser) et/ou qui vont nourrir leurs valeurs et/ou leurs aspirations personnelles. Elles ont tendance à choisir leur(s) « combat(s) » (leurs missions, leurs projets à accomplir) en fonction des résultats à en retirer, en particulier ceux qui les feront avancer et progresser… ou bien parfois qui leur permettront de montrer aux autres qu’ils sont les « meilleurs ».

Sur un plan plus métaphysique, Agni peut être associé à l’expression de la discipline et de l’ardeur dans l’engagement spirituel (« tapas »), avec une aspiration profonde de quête de la Vérité sur le sens de l’existence. Certaines voies traditionnelles du yoga considèrent ce feu intérieur comme le « moteur » pour digérer, intégrer l’étude des textes sacrés mais également pour se purifier intérieurement dans le but de trancher dans le vif des sources d’asservissements et d’afflictions du mental (de l’égo Ahamakara), de lever le voile de l’illusion de la matérialité et ainsi découvrir la réalité telle qu’elle est. En Ayurveda, une voie « plus en douceur » de l’exploration du chemin spirituel est abordée en cultivant la lucidité, la clarté de notre feu intérieur et en développant notre potentiel de sagesse et de discernement (concept de Buddhi).

Jala : le liant qui supporte et qui donne la vie

« La substance qui possède les qualités de liquidité, de froideur, de lourdeur, de huileux / onctueux, de lenteur, de visqueux et qui éveille le goût relève de l’élément eau et confère lubrification, sécrétion, humidification et cohésion. »
Ashtanga Hridayam, sutrasthana 9-6

Jala (l’eau / la liquidité) est le quatrième état de matière qui manifeste à la suite de l’espace (Akasha), du vent (Vayu) et du feu (Agni). L’eau, au sens de l’état de matière, est le berceau du le vie, le support privilégié pour la distribution de l’énergie vitale (Prana) dans notre corps. Jala est le précurseur de la vie :

« L’eau (Jala) est le nectar de la vie et est considérée comme l’essence même de la vie » Ashtanga Hridayam

Cet état de matière implique les notions de liquidité, de cohésion, de lubrification, de protection et surtout de substances nourricières.

Jala est présent dans le corps à travers tous les fluides corporels (salive, lymphe, plasma, mucus, sueur, urine, fluides reproducteurs, liquide céphalo-rachidien…). Notre corps tout entier « baigne » dans un « océan » de substances liquides / visqueuses (nutritives, protectrices, lubrifiantes…).

En Ayurveda, Jala est condiséré comme la substance qui permet d’emmenganiser, de retenir et de distribuer l’énergie vitale Prana dans toutes les régions de l’organisme. En d’autres termes, la réception et la captation de Prana sont facilitées grâce au volume et à la quantité (appropriée) de Jala en soi. Une personne dont la constitution est à dominante de l’élément eau présentera une capacité de stockage, une réserve de Prana supérieure aux d’autres types de profils (mais encore faut-il entretenir et cultiver cette capacité à emmenganiser Prana).

D’une certaine façon, l’élan de vie, la réserve de vitalité d’un être vivant dépend de l’abondance de Jala présent en lui.

Les qualités (gunas) qui manifestent à travers l’élement eau sont les suivantes : froid / frais, humide, lourd, grossier, liquide / visqueux, lent, lisse / doux.

Le sens du goût, relié notamment à la langue, dérive de l’élément eau. La bouche, la langue nous permettent la réception de la nourriture, de la boisson et cette alimentation est liquéfiée pour être assimilée et absorbée en soi. La langue nous permet de goûter le monde autour de nous. Le système uro-génital à travers la gestion hydrique de l’organisme et la fonction de procréation sont sous la gourverne de Jala. Les fluides reproducteurs constituent effectivement une forme précieuse de Jala, notre essence d’incarnation qui peut permettre de recréer la vie.

Jala

Au niveau de l’attitude mentale, l’élément eau connecte à l’amour, la compassion, la patience, la bienveillance, le dévouement, la tolérance ou encore à l’altruisme. L’élément eau nous apporte la douceur, l’humanité, la solidarité et assure le sentiment de cohésion.

Un excès d’expression de l’élément eau au niveau psychique peut conduire au sur-attachement (maintenir le lien coûte que coûte), au sentimentalisme, à se sentir submergé facilement par ses émotions (débordements émotionnels, vagues émotionnelles qui prend le dessus sur tous les autres aspects psychiques) ou encore à être très (trop) sensible à l’environnement (se sentir comme une éponge émotionnelle).

Prithivi : l’état de matière qui donne la forme

« La substance qui possède les qualités de lourdeur, de densité, de stabilité et qui éveille l’odorat relève de l’élément Terre et confère la croissance »
Ashtanga Hridayam, sutrasthana 9-5

Le cinquième état de matière est Prithivi (la terre / la solidité), il s’agit de l’élement le plus grossier, le plus dense et manifeste après l’élément eau (Jala) par effet de condensation, solidification, coagulation.

Prithivi est l’état de matière qui donne la forme et les contours aux choses. Autrement dit, chaque chose se manifeste pas une forme définie sous l’action de Prithivi. A travers l’élément terre, le caractère unique et individuel de chaque chose s’expriment dans la matière. Le Prithivi en soi est relié à notre individualité, à notre identité ; il représente la partie « fixe » en soi qui nous différencie.

Prithivi apporte aux choses leur structure, leur solidité, leur stabilité mais également leur duralbilité.

L’élément terre est présent dans le corps à travers tous les tissus structuraux du corps (os, muscles, muqueuses, peau…) et autres tissus denses tels que les cheveux, ongles, dents…

Grâce à l’élément terre, nous ne sommes pas une « flaque informe » qui se répand au sol mais nous présentons une morphologie, une forme, une enveloppe de chair délimitée que nous pouvons maintenir debout, assis, couché…

Parmi les qualités (gunas) qui caractérisent l’élément terre, on retrouvre : froid / frais, sec, lourd, grossier, solide, statique, dure, opaque / trouble

Le sens qui nous relie à la terre est l’odorat. Aujourd’hui notre sens de l’odorat n’est plus tellement développé mais il est pourtant un canal de réception d’informations sur l’environnement qui permet à la plupart des espèces animales de reconnaitre l’autre, de reconnaitre son territoire.

Nos ongles permettent de gratter la terre pour en révéler les messages olfactifs, nos dents servent à broyer l’élément terre qui structure notre nourriture.

Nous faisons entrer de l’élement terre dans notre organisme à travers la nourriture et nous éliminons l’élément terre non- assimilable via les selles et l’anus. Au-delà de la fonction des selles pour le transit intestinal, l’émission de selles est aussi un acte de marquer son territoire, de diffuser son odeur (laisser une trace qui reste, qui est durable) pour témoigner de sa présence.

Symboliquement, l’acte d’élimination peut aussi, d’une certain façon, être associé à la notion de lâcher-prise, de s’allèger, de ne pas tout retenir / contenir en soi dans un sens propre (les selles) mais aussi dans un sens figuré (libération des tensions mentales ou émotionnelles). Une des conditions indispensables pour laisser opérer ce lâcher-prise, qui nous met en position de de fagilité et vulnérabilité, est de se sentir en sécurité.

Prithivi

Les tendances comportementales qui dérivent de l’élément terre sont reliées à la recherche de stabilité, de sécurité, de confort et également de cohésion, de solidarité. Au niveau psychique, la terre apporte la stabilité, la fiabilité, la fidélité, le caractère loyal, l’aspect méthodique, la régularité, le calme. Une expression excessive de Prithivi chez une personne pourrait se traduire par une identification exacerbée au corps (physique), de la résistance au changement, de l’inertie, de l’apathie / léthargie, de la lourdeur d’esprit, de l’insensibilité apparente ou encore du matérialisme excessif et de l’avarice.

Conclusion

La science moderne en découvre toujours un peu plus sur les constituants primordiaux de la matière, de l’Univers (atomes, électrons, photons, particules élémentaires…) mais également sur les forces qui s’exercent pour donner cette danse cosmique en perpétuelle mouvement.

Selon l’Ayurveda, les sages (rishis) ont perçu (canalisé / entendu / reçu) la Connaissance (du Vivant) et théorisé le concept des cinq états de matière (Pancha Maha Bhuta) pour décrire et comprendre les principes de la Création (du monde manifesté).

  • L’espace correspond au « champ » à partir duquel tout émerge et tout y retourne ; l’espace est à la toile de fond qui porte la matière plus grossière (plus dense) mais également qui crée la distance, la séparation entre deux « objets » de la matière grossière.
  • L’air ou état gazeux de la matière se caractérise par le mouvement erratique et « chaotique » (imprévisible) ; dans cet état, la matière ne présente pas une forme identifiable.
  • Le Feu traduit le force transformatrice, l’énergie thermique et se manifeste dans la matière par une forme non palpable (sans consistance concrète).
  • L’Eau ou l’état liquide de la matière se caractérise par l’écoulement, l’accumulation mais aussi un aspect de liant, de substance cohésive. L’Eau se manifeste par une substance palpable mais qui ne se tient pas d’elle même.
  • La Terre est l’état solide de la matière, elle apporte stabilité, fixité, rigidité, c’est l’état le plus dense, le plus grossier qui donne la forme, la substance et la stabilité aux objets de la matière.

Se familiariser, comprendre, s’approprier et mettre à l’épreuve par l’expérience cette vision « élémentale » du monde Vivant est une exploration sans fin d’un des fondements de l’Ayurveda, d’où découle notamment le concept des Doshas.

Les états de matière sont les briques élémentaires du monde incarné. Si l’on comprend comment ces briques s’agencent, interagissent entre-elles… on ouvre la porte à une compréhension fine du monde Vivant et on s’ouvre à en faire l’expérience avec profondeur, sagesse et discernement.

Quelques références bibliographiques

Prakriti : votre constitution ayurvédique, Dr Robert E. Svoboda

Le livre de l’Ayurveda – Le guide personnel du bien-être, Judith H. Morrison

Ayurveda, les slokas essentiels, Armanda Dos Santos

Je tiens également à remercier Alex Duncan (Ayurveda Source, école de formation en Ayurveda) pour son enseignement très riche en connaissances, en sagesse et en humour. A travers ses partages, il invite chacun.e à faire de l’Ayurveda une expérience de vie au quotidien et à petit à petit observer le monde qui nous entoure (et également s’obsever soi-même) avec les « lunettes ayurvédiques ».

Cet article a été rédigé par Romain Cardinaud, thérapeute en Ayurveda. Pour en savoir plus sur ses activités et sur son parcours, vous êtes invité.e à consulter la page d’accueil et/ou l’onglet Qui-suis-je ?